Pour savoir si un pont va bientôt s’écrouler, rien de tel que nos smartphones

Si vous faites partie de ces personnes à qui le fait d’emprunter un pont procure des sueurs froides, il ne sert sans doute à rien de vous expliquer rationnellement que ces ouvrages architecturaux

Pour savoir si un pont va bientôt s’écrouler, rien de tel que nos smartphones

Si vous faites partie de ces personnes à qui le fait d’emprunter un pont procure des sueurs froides, il ne sert sans doute à rien de vous expliquer rationnellement que ces ouvrages architecturaux sont le fruit de travaux scientifiques très poussés dans le but d’optimiser leur résistance et leur durabilité. Mais cela ne coûte rien d’essayer, et d’ajouter que des progrès enregistrés dernièrement vont permettre non seulement de surveiller d’encore plus près l’état de chaque pont, mais également d’en prolonger la durée de vie.

New Scientist explique que grâce aux données collectées via nos smartphones, les ingénieurs auront bientôt la possibilité d’évaluer en temps réel la santé des ponts sur lesquels nous passons régulièrement. Plusieurs modes d’inspection étaient déjà pratiqués. Parmi eux, le contrôle visuel, mais laborieux et nécessitant d’employer un grand nombre d’ingénieurs, et l’utilisation de capteurs performants, mais coûteux, permettant de détecter des vibrations indésirables ou de mesurer des fréquences.

Une équipe d’ingénieurs de l’Académie militaire américaine, basée à West Point dans l’État de New York, vient de développer un système permettant de pratiquer un monitoring performant sur n’importe quel pont en se basant sur des enregistrements réalisés grâce aux smartphones des personnes qui l’empruntent régulièrement. Il suffit d’y installer une application, permettant de compiler position GPS et informations fournies par l’accéléromètre, pour connaître les moindres mouvements effectués par les smartphones.

Avec l’aide d’Uber

Plusieurs expérimentations ont été menées au niveau du Golden Gate Bridge de San Francisco et d’un pont en béton situé à Ciampino, en Italie, qui présente les mêmes caractéristiques que la majorité des ponts américains. Les ingénieurs ont effectué des centaines d’allers-retours sur ces ponts et ont collecté les données de chauffeurs Uber les ayant empruntés dans le cadre de leur travail.

Les résultats sont pour le moins convaincants: cette méthode très peu coûteuse offre des résultats vraiment proches de ceux obtenus avec les capteurs habituels, aussi précis qu’onéreux. La différence entre les deux méthodes de mesure ne dépasse jamais les 3% de précision.

L’équipe de recherche suggère donc de continuer à utiliser les véhicules des chauffeurs Uber, qui arpentent encore et encore un grand nombre de ponts de ce monde, pour mesurer en permanence leur état de santé. Il suffit d’une poignée d’êtres humains pour analyser les données derrière leur ordinateur, et le tour est joué.

Le but n’est pas uniquement de rassurer: les scientifiques estiment en effet que grâce à ces données récoltées en temps réel, une maintenance plus adaptée pourrait être réalisée sur les ponts concernés. La durée d’utilisation des ouvrages les plus anciens pourrait ainsi être prolongée de deux années, et celle des constructions les plus récentes pourrait gagner jusqu’à quinze ans d’espérance de vie.